Dans une lettre écrite en prison, l’opposant algérien Karim Tabbou, figure du mouvement populaire de contestation (« Hirak »), exhorte mercredi ses compatriotes à « garder espoir » et dénonce durement un régime « en décomposition ». 

La lettre de M. Tabbou, relayée mercredi par plusieurs sites d’information bloqués en Algérie, a été publiée sur son compte Facebook par son frère, qui l’a reçue de ses avocats. 

Elle apparaît comme une rebuffade à l’annonce surprise mardi d’un responsable politique, Sofiane Djilali, selon lequel le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’apprêterait à faire libérer prochainement M. Tabbou et un autre opposant politique, Samir Benlarbi. 

M. Djilali, chef du petit parti d’opposition Jil Jadid « Nouvelle Génération », a affirmé que le président Tebboune lui avait assuré qu’il userait de ses prérogatives constitutionnelles pour que Karim Tabbou et Samir Benlarbi retrouvent leur liberté.

Dans cette lettre, écrite en français et qui répond à des messages de bons voeux à l’occasion de son anniversaire mardi, Karim Tabbou, 47 ans, fustige les « faux militants », qualifiés d' »opportunistes combinards », et les « marionnettes politiques prêtes à tous les emplois ».  

Incarcéré à la prison de Koléa, à l’ouest d’Alger, le militant décrit la « vraie nouvelle Algérie » –démocratique et qui « donne la prime au droit »– pour laquelle « nous nous battons ».

Lors de son élection en décembre 2019, marquée par une abstention record, M. Tebboune avait promis une « nouvelle Algérie » après 20 ans de règne de l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika.   

Karim Tabbou promet lui dans sa lettre des « jours meilleurs » et des « senteurs de liberté qui dissiperont toute cette puanteur d’un régime finissant et en décomposition ».

L’opposant doit être jugé le 29 juin prochain pour « atteinte au moral de l’armée », un procès reporté à plusieurs reprises.

Il est emprisonné depuis le 26 septembre 2019 pour une autre affaire dans laquelle il a été condamné en appel le 24 mars dernier à un an de prison ferme pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». 

Karim Tabbou est un des visages familiers, sinon le plus connu, du « Hirak », le soulèvement populaire qui a ébranlé le pouvoir algérien pendant plus d’un an jusqu’à sa suspension à la mi-mars en raison de la pandémie de Covid-19.

Chef d’un petit parti d’opposition non enregistré, l’Union démocratique et sociale (UDS), son portrait était régulièrement brandi lors des marches hebdomadaires du « Hirak » et il est devenu le symbole du mouvement sur la scène internationale.

Plusieurs ONG algériennes et internationales réclament sa libération « sans condition », ainsi que celle « de tous les prisonniers et prisonnières d’opinion incarcérés » en Algérie. 

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, une soixantaine de personnes sont actuellement détenues pour des faits liés au « Hirak ».

Le « Hirak » réclame un changement du « système » en place depuis l’indépendance du pays en 1962. En vain jusqu’à présent, même s’il a obtenu en avril 2019 le départ du président Bouteflika.

AFP

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