23 JUIN 2020. Pour le troisième jour consécutif, des centaines de Tunisiens ont manifesté mardi à Tataouine pour appeler à la libération d’une figure du mouvement de contestation dans cette région marginalisée du Sud qui réclame des emplois promis par le gouvernement en 2017.

Rassemblés dans le calme devant le tribunal de la ville où la police était déployée en force, ils ont exigé la libération du militant Tarek Haddad arrêté samedi, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Selon son avocat, Abdelaziz Ayeb, M. Haddad est poursuivi pour « outrage à un fonctionnaire public », « participation à un attroupement de nature à troubler la paix publique », « outrage via les réseaux sociaux », et « entrave à la circulation de la route par la force ».

Il doit comparaître le 2 juillet, a déclaré à l’AFP Me Ayeb, qui a déposé une demande de libération. 

Les deux jours précédents, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui leur jetaient pierres. 

L’armée a été déployée depuis lundi pour protéger certains bâtiments de la ville située à 500 km au sud de Tunis.

Le président tunisien Kais Saied avait reçu en janvier des militants de Tataouine, où le taux de chômage atteint 30%, le double de la moyenne nationale.

Mardi il a estimé que « l’approche sécuritaire n’est pas une solution. Cela peut déclencher d’autres manifestations et points chauds ».

M. Saied a été pris à partie à Paris, où il est en visite, par des partisans des protestataires tunisiens, scandant « Tataouine, ne baisse pas les bras », selon des vidéos partagées sur les réseaux sociaux. Il leur a proposé de recevoir des représentants des manifestants au palais présidentiel à son retour, selon un témoin.

Les promesses faites par le gouvernement en 2017, après des semaines de blocage d’un site pétrolier voisin, portaient sur des embauches dans des sociétés d’entretien des jardins et espaces verts. Ce type de sociétés publiques a servi à embaucher des chômeurs dans plusieurs régions marginalisées mais riches en matières premières. Néanmoins à Tataouine les embauches ont été en deçà des promesses.

« Il n’y a pas de jardin à Tataouine », a souligné M. Saied dans son interview à France 24, appelant les chômeurs « présenter des projets de développement » à l’Etat.

Un conseil ministériel spécial est prévu vendredi sur la situation à Tataouine, selon le gouvernement.

AFP

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