02 JUILLET 2020. Après plus de trois mois de négociations laborieuses, le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté hier à l’unanimité une résolution réclamant l’arrêt des conflits dans le monde pour faciliter la lutte contre la pandémie de Covid-19. Sans mentionner l’Organisation mondiale de la santé (Oms), la résolution demande «une cessation des hostilités immédiate et générale» ainsi qu’ «une pause humanitaire pour au moins 90 jours consécutifs» afin de faciliter l’assistance internationale aux populations.
L’ambassadeur tunisien à l’Onu a évoqué un «acquis historique» pour la Tunisie et la France qui ont conjointement rédigé la résolution. Cependant, la très longue paralysie du Conseil de sécurité qui a abimé sa crédibilité fait douter certains experts de la suite qui sera donnée à ce texte. Bloquée pendant des mois par la Chine et les Etats-Unis, opposés sur la place à accorder dans le texte à l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), la résolution vise à soutenir un appel du 23 mars du Secrétaire général de l’Onu pour un cessez-le-feu mondial. Le texte adopté ne comporte plus comme sa version précédente d’allusion à l’Oms, objet le 8 mai de l’opposition catégorique des Etats-Unis. Ce serait à l’initiative de l’Indonésie, membre non permanent du Conseil, qu’un compromis a pu être trouvé. Un paragraphe a été ajouté au préambule se bornant à rappeler l’adoption d’une résolution le 2 avril par l’Assemblée générale (Ag) de l’Onu engageant les 193 membres de l’Onu «à apporter tout l’appui et toute la coopération nécessaires à l’Oms». Cette vague référence a été jugée acceptable par la Chine qui voulait souligner le rôle de l’Oms et par les Etats-Unis qui ont rompu avec l’agence onusienne accusée de mauvaise gestion de la pandémie et qui ne voulaient aucune mention explicite ou implicite à son égard.
La résolution du Conseil de sécurité est son premier positionnement réellement officiel depuis le déclenchement en début 2020 de la pire crise depuis 1945. A l’exception d’une réunion le 9 avril, organisée par l’Allemagne et l’Estonie, deux membres non permanents, le Conseil était resté jusqu’à présent largement silencieux sur l’épidémie meurtrière qui bouleverse la planète. Une deuxième réunion sur la pandémie est prévue aujourd’hui, à nouveau à l’initiative de l’Allemagne, présidente en exercice en juillet de la plus haute instance exécutive de l’Onu. La paralysie du Conseil de sécurité due à la rivalité croissante de ses deux plus gros contributeurs financiers, les Etats-Unis et la Chine, tous deux menaçant de recourir à leur droit de veto, a été souvent dénoncée, une «honte» pour certains membres de l’instance. Toutefois, selon Richard Gowan du centre de réflexion International Crisis Group, la résolution aura réellement peu d’impact dans de nombreuses zones de guerre mais son adoption après des mois de diplomatie difficile permet «de sauver la face». Une résolution aurait pu réellement faire «une différence significative» en avril ou mai si le Conseil n’avait «manqué l’occasion de renforcer l’appel du secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial».
Dié Maty FALL (avec Afp)