25 JUILLET 2020. Même si les audiences correctionnelles se tiennent toujours, la grève du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) a un impact réel sur l’état civil et l’enrôlement des dossiers au tribunal de Pikine-Guédiawaye.

L’interminable file d’attente dans le couloir qui mène au bureau 43, chargé de l’état civil au tribunal de Pikine-Guédiawaye, peut décourager le plus patient des justiciables. Au bout de six semaines de grève du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), la grogne se fait sentir, principalement chez les justiciables.

Candidat au Baccalauréat, A. Sow cherche une annulation de jugement depuis novembre. « On nous parlait de la Covid-19 pour justifier ce retard mais maintenant il y a la grève. J’ai besoin de ce document pour mon examen. Je perds un temps considérable ici. Même en temps normal, l’administration est lente, à plus forte raison quand il y a une pandémie et une grève. On te fait courir pendant un mois pour un document dont la signature ne doit même pas prendre 48 heures. On doit trouver le moyen de régler les cas urgents », s’agace-t-il.

À droite de l’entrée du temple de Thémis, un groupe de personnes poireautent. Parmi eux, Sylvain Djiba qui prend son mal en patience depuis deux heures. Il veut un certificat de nationalité pour son jeune frère. Ses rouspétances en disent long sur son courroux. Dernier à rejoindre la file, Vincent Mendy, domicilié à Darou Salam, a, lui, besoin d’un casier judiciaire. La tournure des choses l’indispose. « Nous souffrons beaucoup de cette grève, il faut que les greffiers et le ministère trouvent un terrain d’entente pour le bien de tous », préconise-t-il.

Employée au tribunal, une dame, requérant l’anonymat, tient un sac à main rempli de dossiers appartenant à ses voisins de quartier qui comptaient sur son entregent. « Toutes les 72 heures, c’est la même rengaine, les grévistes renouvèlent leur mot d’ordre. Tout ceci me met dans l’embarras vis-à-vis de mes voisins, mais je n’y peux rien. J’ai vu des gens venir des régions de l’intérieur du pays pour un document et rentrer sans leur papier. C’est difficile », se désole la dame qui se tourne les pouces sous une tente.

Six semaines de galère

En signe d’impuissance, Me Oumar Sy, avocat, hausse les épaules. « Cela se voit. C’est évident que cette grève paralyse le bon fonctionnement de la justice. Tout est à l’arrêt. On ne peut pas travailler sans greffier. Obtenir des ordonnances, des jugements, l’enrôlement des dossiers, tout cela est impossible depuis six semaines. Une solution de sortie de crise doit être trouvée », suggère l’avocat. Me Pape Mor Niang abonde dans le même sens. « C’est un arrêt total des services. On n’arrive pas à faire des démarches, ni à disposer des jugements, de certaines pièces… Heureusement que les audiences correctionnelles continuent de se tenir. Mais même s’il y a audience et que la délivrance des jugements ne se fait pas, le problème reste entier », note l’avocat.

Parlant sous l’anonymat, un greffier reconnaît que si ses collègues restent trois jours sans travailler, cela se répercute sur le service public. « C’est une chaîne. Si l’on dépose et qu’on ne délivre pas les certificats de nationalité, les extraits de minutes de greffe, les jugements rendus, le service public ne fonctionne pas », fait-il remarquer.

Invitant le ministère à prendre en charge leurs revendications, il rappelle que celles-ci sont principalement liées à trois décrets. Le premier, touchant aux statuts (alignement aux nouvelles hiérarchies), n’a pas encore été mis en œuvre. Le deuxième, qui concerne l’assiette du fonds commun, a été pris mais n’a pas encore été publié. Le troisième a trait aux indemnités de judicature qui ont fait l’objet d’une hausse. Il est à l’état de projet et n’a été ni publié ni signé. « Il se trouve dans le circuit. Nous demandons sa publication et sa signature », indique le travailleur de la justice.

AVEC Hadja Diaw GAYE

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