02 AOUT 2020. L’écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga a été remise en liberté sous caution samedi, au lendemain de son arrestation à Harare lors d’une manifestation interdite contre la corruption, a constaté un journaliste de l’AFP.

Mme Dangarembga, inculpée d’incitation à commettre des violences et d’avoir violé les mesures restrictives prises pour lutter contre le coronavirus, notamment l’interdiction des rassemblements, a été libérée contre paiement d’une caution de 65 dollars.

Au total, onze personnes arrêtées vendredi ont été remises en liberté, dont Fadzayi Mahere, l’avocate et porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, principal parti d’opposition).

« Je suis heureuse d’être à l’air libre », a déclaré à l’AFP Tsitsi Dangarembga à sa sortie de détention. « C’est une expérience que je n’avais jamais vécue », a-t-elle ajouté, notant que même si la constitution zimbabwéenne autorise la participation à des manifestations pacifiques, « c’est dans la pratique impossible de le faire, car vous courez le risque d’être arrêté ».

Lors de son arrestation, elle réclamait notamment la libération de l’opposant Jacob Ngarivhume, dirigeant du petit parti Transformer le Zimbabwe, ainsi que celle du journaliste lanceur d’alerte Hopewell Chin’ono.

Tous deux, toujours incarcérés et accusés d’incitation publique à la violence, avaient appelé à la manifestation de vendredi pour protester contre la corruption et la crise économique au Zimbabwe.

Hopewell Chin’ono a révélé récemment des scandales de corruption dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Zimbabwe, qui ont conduit au limogeage début juillet du ministre de la Santé Obadiah Moyo.

Le journaliste et Jacob Ngarivhume sont toujours en détention provisoire après s’être vus refuser leur libération sous caution.

Le récent livre de Tsitsi Dangarembga, This Mournable Body, dernier d’une trilogie, a été sélectionné pour le Booker Prize en Angleterre.

Saluée comme une voix féministe, Mme Dangarembga est devenue célèbre en 1988 avec « Nervous Conditions » (« A fleur de peau » dans la version française), puis une suite intitulée « The Book of Not », qui racontent le parcours d’une jeune zimbabwéenne.

Le Zimbabwe est englué depuis une vingtaine d’années dans une crise économique catastrophique, qui se traduit par une inflation galopante et des pénuries de nombreux produits de première nécessité.

Selon le Programme alimentaire (PAM) des Nations unies, environ 60% de la population zimbabwéenne, soit 8,6 millions de personnes, vont se retrouver en situation d’insécurité alimentaire d’ici la fin de l’année, en raison « des effets combinés de la sécheresse, de la récession économique et de la pandémie » de Covid-19.

A ce jour, plus de 3.000 cas de nouveau coronavirus ont été enregistrés dans le pays, dont 67 décès.

AFP

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