27 AOÛT 2020. La belle voix et la noirceur d’ébène de Clémene Mayé Ndeb Ngom ont fait le tour du monde grâce à la petite lucarne qui l’a propulsée au- devant de la scène. Mayé Ndeb, c’est son nom d’artiste mais dites plutôt Clémence Ngom, c’est sous ce prénom qu’elle a été déclarée à l’état civil, en 1952. Pourquoi Mayé Ndeb ? Elles sont deux à porter le prénom Mayé dans sa famille, sa grande-sœur et elle. Pour les distinguer, on ajoute à leurs noms “Maak” pour désigner la plus âgée et “Ndeb” pour la benjamine. Il en est également ainsi chez les hommes où il peut y avoir dans une famille Ngor Maak et Ngor Ndeb.

De taille moyenne, Mayé Ndeb Ngom est bien dotée par Dame Nature grâce à un embonpoint qui ne la gêne nullement. Pour preuve, après avoir chauffé le stade avec ses envolées lyriques soutenue à la batterie par son complice de toujours Babou Ngom, elle exécute sa danse favorite qui traduit une certaine facilité de se mouvoir pour une dame de sa corpulence. Le trait caractéristique de Mayé Ndeb Ngom est sa noirceur d’ébène. Cela ne saurait étonner. Pourquoi ? Elle répond : “Je suis Sérère de père et de mère descendante d’un “Thioka” et d’une Simala”, (arbres généalogiques chez le Sérère) deux des nombreuses lignées qui habitent le quartier traditionnel Ndiaye-Ndiaye à Fatick”. Son enfance est partagée entre les villages de Somb où sa maman a vu le jour et Fayil, un village de la commune de Diouroup(Dépt. Fatick ) où son défunt père, alors navigateur du temps de la splendeur de la liaison maritime Fatick-Foudiougne, possédait une maison.

Véritable dame de cœur
Témoignage du doyen Sing Sarr : « Clémence Mayé Ndeb Ngom est ma nièce. Elle a habité dans ma maison avec ses frères et sœurs alors que j’étais dans le Saloum pour des raisons d’ordre professionnel. Ce n’est qu’à mon retour à Fatick qu’elle a déménagé pour rejoindre sa propre maison. J’ai été témoin de ses débuts dans la chanson et de ses premières notes qu’elle a entonnées dans la troupe théâtrale, les «Ballets du Sine», que nous avions formée dans le quartier Ndiaye-Ndiaye. Elle y était avec une autre dame nommée Mane Ngom. Mayé Ndeb a certes hérité cet art de sa défunte mère qui a été une grande cantatrice ; mais elle a surtout bénéficié de la gratitude et des prières de son défunt père auquel elle était toute dévouée et très liée», a-t-il déclaré.

Au plan humain, ajoute-t-il, «Mayé Ndeb Ngom est une dame au grand cœur qui partage sa célébrité et les cachets de ses différentes prestations avec les membres de sa troupe composée de jeunes femmes habitant les villages de Fayil, Diobaye et le quartier NdiayeNdiaye Fatick… De nos jours, les choses sont devenues plus intéressantes car les cachets ont sensiblement été majorés». «Clémence Mayé Ndeb Ngom règle tous les problèmes d’ordre social, notamment lors des cérémonies familiales (baptême ou décès). Elle se charge de tout et par la grâce de Dieu, elle a toujours réussi dans ses entreprises. Sur un autre plan, Mayé Ndeb, jouit de la confiance des maris de ses choristes. Elle doit cet égard à son caractère et à la ligne de conduite qu’elle s’est imposée et qu’elle exige également à ces dernières qui, fort heureusement, lui obéissent. C’est l’occasion pour moi de rendre hommage à trois grandes dames qui l’accompagnent. Il s’agit de Daba Yandé, Ndiamgouth et Tening Ngom».

Le succès de Mayé Ndeb n’est point une surprise pour son oncle et à chaque fois qu’il l’entend chanter, il ressent une immense joie, car, précise-t-il, «j’ai participé à sa formation lors des différentes prestations de la troupe «Les Ballets du Sine dont elle a été membre. La voir danser et donner du plaisir au public et aux amateurs de lutte à la télévision me comble d’aise», déclare M. Sarr.

La chanson, un legs de ses parents
La chanson est loin d’être un violon d’Ingres pour Mayé Ndeb Ngom. Elle l’a héritée de ses parents qui l’ont formée à cet art où ils excellaient. Par la suite, l’envie de se faire un nom aidant, la chanson est devenue une passion pour elle. En somme, une autre occupation ou activité après l’agriculture. Mayé Ndeb rend alors hommage à ses parents et devanciers, ceux-là qui l’ont initié à la chanson et lui ont montré la voie. Son arrivée sur la scène nationale, voire internationale par le canal des médiats, elle le doit à Manga 2 qui l’a lancée dans la capitale lors d’un tournoi de lutte à Dakar. Ce fut le déclic.

La télévision aidant, Mayé Ndeb conquiert le cœur des amateurs qui ne jurent désormais que par elle au point que son duo avec son complice Babou Ngom est l’une des attractions majeures des galas, championnats de lutte et autres tournois. Après Dakar où ils se sont produit dans les différents stades (Lépold Sédar Senghor, Demba Diop, Iba Mar Diop) ; mais également aux arènes “Adrien Senghor” et au terrain Gaal Gui de Khar Yalla, Ziguinchor, Kaolack, St-Louis et Thiès des lauriers leur ont été dressés. L’occasion est donc opportune pour Mayé Ndeb Ngom de s’exprimer : “mon infinie gratitude à la grande famille de la lutte, mais surtout aux promoteurs qui investissent leurs billes et aux amateurs qui passent aux guichets. Sans eux, il n’y a point de spectacle. Que le Bon Dieu les couvre de toutes ses grâces pour qu’on continue à cheminer ensemble durant de longues années”.

Mayé Ndeb Ngom a une facilité déconcertante de composer une chanson. Elle détient un réservoir inépuisable, fruit d’une inspiration très fertile. Elle n’a pas besoin de claquer sept fois la langue, comme dirait l’autre, pour sortir une œuvre. “Je rends grâce à Dieu et à mes parents. Certes, je ne suis pas la meilleure, mais je peux dire que j’ai de nombreux admirateurs. Et heureusement à chaque fois que je prends le micro, je réussis à leur faire plaisir”, souligne-t-elle. Mayé Ndeb Ngom est polyvalente. Elle est à l’aise aussi bien dans l’arène que dans les cérémonies familiales. Elle dirige une troupe folklorique qui joue à merveille avec les grosses calebasses. Depuis près de deux ans, Clémence Mayé Ndeb s’est retirée de la scène, la faute à un état de santé chancelant qui la clouée à la maison, entourée des membres de sa famille. Il appartient désormais à sa fille Agnès de maintenir le flambeau allumé.

KHIRENA AVEC Le Témoin

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