12 SEPT 2020. L’ex-président centrafricain François Bozizé et celui qui l’a renversé en 2013, Michel Djotodia –un putsch qui déclencha une sanglante guerre civile perdurant aujourd’hui–, se sont brièvement rencontrés vendredi à Bangui, rapporte un journaliste de l’AFP.
Cette entrevue d’une demi-heure survient alors que la rumeur d’un report de l’élection présidentielle prévue dans moins de quatre mois se fait insistante.
M. Bozizé a déjà annoncé sa candidature à ce scrutin du 27 décembre, tandis que M. Djotodia ne s’est pas encore prononcé.
L’actuel président, Faustin Archange Touadéra, devrait annoncer prochainement qu’il brigue un second mandat, selon les observateurs qui considèrent que M. Bozizé serait alors son plus sérieux challenger.
Il s’agisait vendredi de l’une des très rares rencontres entre les deux ex-ennemis, plus de sept ans après que la coalition de milices à majorité musulmane Séléka, dirigée notamment par M. Djotodia, a chassé M. Bozizé du pouvoir. Ce dernier, en exil, avait été placé sous sanctions de l’ONU, soupçonné d’avoir soutenu des groupes d’auto-défense anti-balakas, dominés par les chrétiens et animistes.
Les combats entre anti-balakas et Séléka avaient entraîné la Centrafrique dans une spirale meurtrière d’affrontements communautaires.
Les nombreux massacres perpétrés par les deux camps ont plongé ce pays parmi les plus pauvres d’Afrique dans la troisième guerre civile de son histoire. Selon l’ONU, qui a accusé les deux coalitions de crimes de guerre, entre 3.000 et 6.000 personne ont péri, essentiellement des civils, entre 2013 et 2015.
Au sortir de la rencontre, Michel Djotodia a affirmé qu’il était venu discuter d’un « plan de paix » pour le pays avec M. Bozizé.
« Je vous assure que nous nous entendons bien », a-t-il insisté devant la presse. M. Bozizé n’a fait aucun commentaire.
Depuis 2016, la guerre civile est entrée dans une phase de basse intensité mais plus des deux tiers de la Centrafrique sont aux mains de milices rebelles et leurs exactions contre les civils sont encore fréquents malgré un accord de paix en février 2019 à Khartoum entre 14 groupes armés et le gouvernement.
A ce contexte s’ajoutent d’importants retard dans le calendrier électoral, notamment dans l’enrôlement des électeurs.
Nombre de médias centrafricains, partis de l’opposition et membres de la société civile sont convaincus que l’on s’achemine vers un report des élections présidentielle et législatives du 27 décembre.
Jeudi, M. Touadéra, Bozizé, Djotodia, ainsi qu’Alexandre-Ferdinand N’Guendet, actuel et anciens chefs de l’Etat, se sont rencontrés à Bangui, hors de la présence des journalistes, et ont évoqué notamment les retards du calendrier électoral, selon les médias gouvernementaux.
La veille, la Cour constitutionnelle s’en était vivement inquiétée elle aussi avait « recommandé » à l’instance chargé d’organiser le vote de « tenir les délais ou, dans le cas contraire, d’en informer » le gouvernement. La date-butoir du 27 septembre pour la fin de l’enrôlement semble impossible à tenir, selon les experts.