23 DEC 2020. Le Docteur Mamadou Thior, spécialiste en Santé publique était l’invité du plateau D’Clique de la Tfm mardi soir pour parler de l’évolution de l’épidémie de Covid-19 au Sénégal. Celui qui avait soulevé une grosse polémique et s’était attiré les foudres de beaucoup de ses collègues dont le Pr Seydi, après ses déclarations sur l’immunité collective, est resté droit dans ses bottes.
Selon lui, sans s’en rendre compte, le Sénégal est entré dans cette phase d’immunité collective depuis que le président de la République a levé les mesures de restriction en juillet dernier, alors qu’il y avait à l’époque une augmentation quotidienne des cas. « On a beaucoup critiqué ma déclaration sur l’immunité collective. Mais au final, c’est ce que le chef de l’Etat a appliqué trois semaines après en levant l’état d’urgence et le couvre-feu, en laissant les gens circuler tout en renforçant les mesures barrières. C’est ça l’immunité collective« , s’est-il défendu. Avant de rappeler que c’est après cette période qu’on a d’ailleurs constaté une importante baisse des cas entre octobre et novembre.
« Il n’y a jamais eu de vague au Sénégal »
Pour ce qui s’agit de la deuxième vague annoncée par les autorités depuis quelques semaines, le Docteur Thior a encore ramé à contre-courant. Selon l’ancien consultant à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Sénégal n’a même pas connu de première véritable vague de covid-19. « Selon ce que j’ai pu apprendre de mes études d’épidémiologie, on n’a pas connu au Sénégal une première vague. On parle de vague quand la courbe épidémiologique connait une croissance rapide de cas pour atteindre un pic très rapidement avant une baisse significative avant de déboucher sur un retour à la normale. C’est ce qui s’est passé dans certains pays européens comme la France. L’image d’une vague apparait clairement sur leur courbe épidémiologique. Ce n’est pas le cas au Sénégal« , affirme le spécialiste.
Avant de donner sa définition de la situation épidémiologique du Sénégal: « On a une épidémie à faible intensité qui évolue en plateau. Pour cette l’évolution constatée ces derniers jours, je parlerais plutôt de recrudescence saisonnière de la maladie. Parce que nous avons constaté que le virus n’aimait pas les fortes températures. Cela pourrait également s’expliquer par le relâchement dans le respect des mesures barrières« .
« Il ne faut surtout pas décréter un état d’urgence »
D’où sa conclusion sans demi-mesure sur les mesures que devrait prendre, ou plutôt que ne devrait pas prendre le chef de l’Etat dans les jours à venir. « Il ne faut absolument pas décréter un état d’urgence et un couvre-feu. Cela ne servirait à rien. Il faut cesser d’apeurer les gens. La seule chose à ne pas faire dans la lutte contre une épidémie, c’est de faire paniquer les populations. L’armée, la police et la gendarmerie ont d’autres tâches plus importantes que surveiller qui porte un masque et qui ne le porte pas. Laissons aux médecins le soin de diriger cette lutte contre la propagation du virus. Ce ne sera pas par la coercition que des résultats vont se faire« , a-t-il déclaré.
Non sans rappeler, que la situation épidémiologique est loin d’être préoccupante au Sénégal. Compte tenu du taux de positivité qui navigue entre 7 et 12%.
« Le taux de positivité au Sénégal n’a atteint qu’une seule fois les 17% depuis le début de l’épidémie dans le pays. Le jour où l’on sera à 20 ou 25% de taux de positivité, je serais le premier à crier mon inquiétude. Mais là, il n’y a vraiment pas de quoi s’alarmer« , rassure-t-il.
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