27 AOUT 2021. L’ancien président tchadien Hissène Habré décédé, mardi, à l’âge de 79 ans, à l’hôpital Principal de Dakar, a été inhumé ce jeudi au cimetière musulman de Yoff dans la capitale sénégalaise.
L’ancien président du Tchad de 1982 à 1990 est décédé des suites du Covid-19, au Sénégal où il avait été condamné en 2016 à la prison à vie pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture. L’inhumation a été précédée de la prière mortuaire dirigée à la Mosquée omarienne par Thierno Mountaga Amadou Bachir Tall, en présence des proches du défunt et de responsables de la classe politique et de la société civile sénégalaise.
L’ancien Premier ministre du Sénégal, Abdoul Mbaye, a imploré le ’’Tout-puissant’’ pour que ’’la vérité éclate un jour, pour qu’on puisse connaître celui qui est parti’’. L’avocat d’Hisséne Habré, Ciré Clédor Ly, s’est dit convaincu que ’’l’histoire lui rétablira sa place parce que en réalité, il n’a jamais perdu cette place’’.
’’Les responsables sont aujourd’hui très embarrassés car ils savent qu’ils ont fait subir à cet homme quelque chose qu’il ne méritait pas, pour tout ce qu’il a fait, rien que pour combattre l’impérialisme, de quelque bord qu’il soit’’, a-t-il déclaré. ’’Je souhaite aujourd’hui que le bon Dieu l’accueille dans son paradis’’, a-t-il ajouté.
Le député de l’opposition Mamadou Lamine Diallo a, de son côté, salué ‘’la mémoire d’un nationaliste intrépide qui s’est battu jusqu’au bout’’. ’’Et moi, je me situe dans ce rôle qui est de défendre l’Afrique, le Sénégal’’, a-t-il fait valoir, estimant que Hisséne Habré ’’est un patriote africain incontestablement’’. Il a ainsi déploré le fait que ’’Macky Sall ait été insensible aux cris’’ de l’épouse de M. Habré, qui ’’a alerté depuis longtemps sur la dégradation de son état de santé’’. Mamadou Lamine Diallo a rappelé avoir ’’insisté pour qu’on le libère, surtout’’ après le décès du président Idriss Déby, tué lors de combats contre des rebelles. Selon lui, ’’le fait qu’Hisséne Habré ait contracté la Covid-19 en prison au Sénégal, pays de Téranga et d’exil, est une honte’’.
Le militant sénégalais des droits de l’Homme Alioune Tine, réagissant à l’annonce du décès de l’ancien président tchadien Hissène Habré a fait part de sa tristesse et déploré que « l’alerte’’ de son épouse et de certaines organisations relativement au danger lié à son incarcération en temps de Covid-19 n’ait pas été entendue. « Je suis triste de cette nouvelle et triste que l’alerte de sa femme et la réaction de quelques organisations de droits humains n’aient pas été entendues par la justice », a déploré Alioune Tine dans un entretien avec l’APS.
Dans un communiqué, la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) a assuré qu’aucun cas de Covid-19 n’a été enregistré à l’intérieur des établissements pénitentiaires de Dakar depuis le début de la pandémie. Elle a indiqué que concernant la Maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel où était détenu l’ancien président tchadien Hissène Habré, décédé mardi du nouveau coronavirus, les tests effectués lundi sur le personnel, sont revenus négatifs. M. Habré avait bénéficié en avril 2020 d’une permission de 60 jours pour le protéger de l’épidémie. Début juillet, sa famille avait demandé à la justice de lui accorder une nouvelle permission en raison de la résurgence des cas d’infection au Sénégal.
En exil à Dakar depuis les années 1990, Hissène Habré avait été condamné en appel en avril 2017 à la prison à perpétuité pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au Tchad entre 1982 et 1990. Le ministre de la Justice, Maître Malick Sall, a assuré que le Sénégal a « tout fait pour mettre à l’aise » l’ancien président tchadien Hissène Habré, décédé mardi à Dakar, ainsi que sa famille. ’’Le Sénégal a tout fait pour mettre à l’aise Hissène Habré et sa famille. On leur a accordé la nationalité sénégalaise », a-t-il dit sur la Télévision Future médias (TFM, privée).
’’Lors de la première vague, il a été sorti de prison pour le protéger contre la COVID-19. Mais après cela, il fallait qu’il retourne en prison par la suite pour ensuite déclencher la procédure visant à le libérer sous condition du bracelet électronique », a rappelé Me Malick Sall. Selon le ministre de la Justice, les autorités sénégalaises ont pensé à libérer l’ancien président tchadien après la troisième vague, mais il fallait tout un processus pour la mise en œuvre d’une telle décision.
« Quand il est tombé malade, il a été interné dans une des cliniques privées les plus huppées de ce pays, et c’est là-bas que la maladie s’est aggravée. La procédure enclenchée devait lui permettre de regagner sa demeure avec un bracelet électronique. Il ne devait pas retourner en prison, Dieu en a décidé autrement. Le président Macky Sall avait pris toutes les dispositions nécessaires pour le libérer avec le bracelet électronique », a-t-il ajouté.
KHIRENA.NET AVEC APS