La rédaction de khiréna vous prose ici, en intégralité, l’entretien exclusif que le haut conseiller Ibou NDIAYE avait accordé au journal Le Quotidien le 23 Septembre 2021. Suivons cet entretien avec l’excellent journaliste.

Propos recueillis par Mamadou T. DIATTA – Candidat à la mairie de Tattaguine, Ibou Ndiaye peint un tableau sombre de la gestion de l’édile sortant, Déthié Diouf. Ce responsable de l’Apr et haut-conseiller des Collectivités territoriales, qui a contribué aux succès électoraux du camp présidentiel depuis l’élection du Président Macky Sall en 2012, étale la galère des populations et fait une esquisse de son programme électoral.

M. Ibou Ndiaye, vous êtes haut-conseiller des collectivités territoriales. Vous avez déclaré votre candidature à la mairie de Tat­taguine. Qu’est-ce qui motive cette candidature ?
Ce qui motive aujourd’hui ma candidature, c’est la situation actuelle de Tattaguine : la léthargie dans laquelle la commune est plongée. Quand on fait un constat général, on remarque que tout manque à Tattaguine. Et donc pendant 7 ans, la municipalité n’a pas réussi à réaliser quelque chose dans tous les domaines et sur tous les plans. Tout est à faire à Tattaguine. Tattaguine est laissée à elle-même. Et Tattaguine est dans une léthargie totale. Tattaguine souffre, elle souffre d’un manque de tout.

Vous avez eu à critiquer la gestion du maire sortant. Qu’est-ce que vous trouvez anormal dans ce qu’il a eu à poser comme acte de gestion durant son dernier mandat ?
S’il avait posé des actes, on pourrait critiquer ceux-ci. Mais, malheureusement, il n’y a pas d’acte. Je suis conseiller municipal, qui n’a été convoqué en réunion qu’une seule fois, c’était lors du premier vote de budget. Depuis lors, on s’est abstenu de me convoquer dans les réunions de conseil, mais je vous dis qu’à Tattaguine, il n’y a rien, si on prend secteur après secteur. Prenons par exemple le secteur de la santé, lors de la première réunion du Conseil municipal, lors du premier vote du budget de la municipalité, on avait voté un budget pour la construction d’un dispensaire à Mbédab, son village natal (Ndlr : village natal du maire).
Aujourd’hui, le constat est que dans ce dispensaire, depuis 7 ans, il n’y a pratiquement pas grand-chose. Si tu t’y rends, tu remarqueras que ce n’est que du saupoudrage. C’est un bâtiment vide et mal fait, mal équipé à coups de millions.
Un autre domaine, l’éducation. Beaucoup d’écoles de la commune n’ont pas de mur de clôture. Il y a aussi quelques abris provisoires que nous nous efforçons à enlever par nos propres moyens. Dans ce domaine, les parents d’élèves sont laissés à eux-mêmes, à la veille de la rentrée des classes et avec cet hivernage qui a démarré tardivement, par rapport à l’accompagnement en fournitures, en matériels didactiques. Il faudra faire un grand effort dans ce domaine.
A propos de l’eau, je l’avais dit, je le répète et je l’assume, 75% de la population n’ont pas accès à l’eau potable. La seule adduction d’eau que la municipalité a réussi à réaliser, c’est grâce à l’appui de World Vision. A travers un choix clientéliste des bénéficiaires, on n’en prive ceux qui ne sont pas du camp du maire.
Au sujet de l’accès à l’eau, on nous a ramenés à l’Antiquité. Parce que les populations sont réduites à demander un puits ou un fonçage de puits. L’Etat a fait ce qu’il devait faire. L’Etat a fait venir l’eau par le biais du projet Notto-Diobass-Ndios­mone-Palmarin, entraînant des ramifications dans les villages. Ce qui restait à faire, est que la municipalité prenne en charge l’adduction d’eau avec une politique sociale.
Pour conduire l’eau chez soi, à Tattaguine, le mètre est facturé à cinq mille francs. Le montant le moins cher est soixante-quinze mille francs, c’est-à-dire ceux qui sont distancés du tuyau principal de 15 mètres. Ceux qui dépassent cette distance vont débourser plus et ne pourront pas bénéficier de ces adductions d’eau, parce qu’elles ne peuvent pas supporter ces frais.
Les autres domaines comme la jeunesse, l’appui aux groupements féminins, etc. sont dans une léthargie totale. Tout cela nous pousse, avec les forces vives de Tattaguine, à nous lever pour changer le visage de la commune, en posant des actes, en faisant bouger les choses au niveau de la municipalité.

Sur quelles forces vous comptez vous appuyer pour faire valider votre candidature à la mairie ?
Nous avons travaillé pour cette candidature avant 2014. D’abord, l’Apr à Tattaguine, c’est nous. Nous sommes le coordonnateur de l’Apr à Tattaguine. Toutes les réunions que l’Apr a tenues à Tattaguine, de sa création à maintenant, c’est grâce à nous que cela s’est fait.
Le maire n’assiste aux réunions que quand il y a campagne électorale pour procéder à la distribution des fonds de campagne. A part cela, il n’a jamais convoqué de réunion de l’Apr.
C’est nous qui avons dirigé toutes les campagnes de l’Apr, de sa création à maintenant, avec Dekal Ngor à l’époque, et ensuite avec Benno bokk yaakaar qui a conduit le Président Macky Sall au pouvoir en 2012, aux élections législatives, aux Locales et au scrutin référendaire. Naturellement, on est en droit de dire que nous sommes le représentant légal de l’Apr à Tattaguine.
Nous ne comptons pas seulement nous appuyer sur l’Apr de Tattaguine. Il y a d’autres forces politiques qui nous soutiennent. Je veux nommer le Parti socialiste, parce que quand on parle de Benno bokk yaakaar à Tattaguine, on parle de deux forces : le Parti socialiste et l’Apr. Je ne peux pas dire que j’ai le soutien du Parti socialiste à 100%. Mais si l’on s’en tient à ce qui est ressorti de leur dernière réunion, on peut dire que 90% des responsables locaux de ce parti soutiennent ma candidature.
Il y a aussi d’autres forces, d’autres cadres, le mouvement des étudiants, qui nous viennent en appoint, les groupements féminins qui militent en faveur de notre candidature, de même que beaucoup de sages de la localité.

On vous a toujours senti proche des populations. Vous avez récemment ap­puyé les femmes en financement. Est-ce un atout suffisant pour être élu maire de cette commune ?
C’est un des atouts, ce n’est pas le seul. Nous avons commencé à accompagner les femmes en 2014 avec la mise en place du réseau des femmes. Nous avons démarré avec 29 groupements à l’époque. Nous avons aujourd’hui 101 groupements de femmes que nous finançons à hauteur de 100 mille francs par groupement, soit un total de 10 millions cent mille francs. C’est un processus, il y a d’autres groupements qui nous attendent. Après le Magal, nous allons revenir pour compléter ces financements, parce qu’on en demande au niveau des villages.
Nous voulons aider à l’autonomisation des femmes. La finalité de ces financements, c’est la création de mutuelles d’épargne pour les femmes de la commune. Il n’est plus question de laisser nos femmes, nos braves mamans, nos sœurs et nos filles aller vers les mutuelles et micro-crédits qui ne font que les appauvrir avec des taux exorbitants au lieu de les enrichir. Nous optons pour la création d’une mutuelle pour les femmes. Au lieu que les femmes soient des clientes, elles vont devenir des actionnaires et des propriétaires dans cette mutuelle.
A propos des étudiants, ce sont des jeunes frères. Nous menons à leur faveur des actions sociales, nous les accompagnons en prenant en charge la moitié de la location de leur appartement. Dans le passé, il y avait des arriérés que nous avons eu à éponger. Nous continuerons à les accompagner.
Aujourd’hui, parmi ces étudiants, il y en a qui ont mis en place un mouvement, le Medi (Mouvement des étudiants derrière Ibou) et qui compte plus 120 étudiants pour soutenir ma candidature. Ils ont eu d’ailleurs à lancer un tournoi appelé «Tournoi Ibou», qui a mis aux prises 52 associations éparpillées au niveau de la commune de Tattaguine.
Au sujet de l’accès à l’eau, nous avons accompagné beaucoup de villages, de hameaux pour le fonçage des puits. Pas moins de dix puits ont été foncés et plus d’une dizaine de robinets fermés, pour défaut de paiement de facture, ont été rouverts. On a payé les factures pour que ces robinets continuent à alimenter en eau les populations. Il y a encore à faire dans ce domaine, parce que la demande est toujours là.
Pour l’éducation, nous avons aidé à la construction d’un Cem (Collège d’enseignement mo­yen), qui est sur l’axe Ndios­mone-Mbellongouth-Ngoyéh. Nous sommes en train de tout faire pour que ce Cem puisse ouvrir ses portes cette année.
C’est à cause de ces actions que je dis souvent que notre candidature est une demande sociale. Ce sont les populations qui la réclament. Ce qui constitue une source de motivation pour nous et nous pousse à aller de l’avant.

Comptez-vous mettre à profit la Coopération internationale pour développer la commune, une fois élu ?
Naturellement, parce que le budget de la commune ne permet pas de faire avancer beaucoup de choses. Si on se focalise sur ce budget, nous n’irons pas loin. Donc, on compte essayer de développer la coopération décentralisée à l’intérieur du pays, même avec les communes voisines à travers l’intercommunalité. On peut discuter avec les acteurs qui sont là-bas et voir ce qu’on peut faire ensemble.
On va voir aussi au niveau du gouvernement, les projets qu’on pourra essayer de capter pour que la commune puisse bénéficier de ceux-ci. Au-delà de ça, nous allons essayer d’explorer la Coopération internationale pour capter le maximum de projets, de fonds et les injecter au niveau de Tattaguine. Avec les ressources humaines dont nous disposons, c’est faisable.

Vous comptez être un maire résident ou un maire à distance qui va travailler à l’aide des Techno­logies de l’information et de la communication ?
Je suis contre un maire résident. Parce qu’un maire résident qui se réveille entre 9 H et 10 H, qui prend son petit-déjeuner alors que les gens sont à la mairie pour chercher des extraits de naissance, il y a certaines urgences… Vous arrivez à 10 H et vous vous enfermez pendant quelques heures. A midi ou 13 H, vous rentrez chez vous manger votre thiéboudiène et revenez au bureau à 15 H ou 15 H 30. A ce rythme, en 10 ans ou 20 ans, vous ne pourrez rien faire.
Moi, je serai un maire qui ira à la recherche de projets, de moyens et de financements pour en faire bénéficier Tat­taguine. Et cela, ce n’est pas en restant dans la commune 24 heures sur 24 qu’on pourra le faire. Je vais me baser sur mon équipe. Pour moi une municipalité c’est une équipe, ce n’est pas une seule personne.

Vous avez remplacé récemment le défunt maire de Mbéllacadiao au Haut-conseil des collectivités territoriales. Comment appréhendez-vous ces nouvelles fonctions ?
J’avoue qu’avant d’y accéder, je ne savais pas comment fonctionnait le Haut conseil, quelles sont ses attributions. Mais lorsque j’ai été installé, j’ai vu une institution qui fait partie des institutions qui fonctionnent le mieux au Sénégal. Aujourd’hui, nous avons bouclé 3 des 4 sessions que nous devons faire dans l’année, sur l’habitat social, l’environnement et sur l’employabilité de la jeunesse. Donc, il nous reste une quatrième session à boucler. C’est pour dire que ce ne sont pas des charges fonctionnelles qui pèsent lourd. Ça ne nous empêche pas de mener d’autres activités. Je suis là-bas et aussi au ministère des Mines ; ça ne m’empêche pas de mener mes activités au niveau du ministère, surtout avec les Tic, on a tenu nos sessions par vidéoconférence.

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