30 JUILLET 2020. Surnommé le « Golden Boy » pour ses réussites en affaires, Hamed Bakayoko, 55 ans, désigné jeudi Premier ministre de Côte d’Ivoire, a un profil atypique, qui a contribué, avec son caractère notoirement bon vivant, à le rendre populaire, au-delà du camp du président Alassane Ouattara.
Militant politique et patron de presse dans les années 1990, ministre dans les années 2000, il est devenu un pilier du régime.
Né le 8 mars 1965 à Abidjan dans une famille de classe moyenne, ce musulman originaire du nord de la Côte d’Ivoire, au physique athlétique, s’intéresse dès sa jeunesse au journalisme et à la politique.
« HamBak » commence dans l’édition où il créé en 1991, le journal « Le patriote » quasi-organe du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, auquel il adhère dès sa fondation en 1994.
En 1993, il prend les commandes de la radio Nostalgie de Côte d’Ivoire, la première radio commerciale, en plein printemps de la presse ivoirienne. Ce qui le rapproche du milieu de la musique et du showbiz, dans lequel il aime s’afficher.
Après la mort en 2019 de la star du coupé-décalé DJ Arafat, dont il était proche, il se montre ainsi aux premières loges des funérailles.
Son ascension politique commence vraiment dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il devient ministre pour la première fois. Il ne quittera plus le gouvernement.
Pendant toute la décennie de crise ivoirienne jusqu’à son dénouement en 2011, il occupe le portefeuille des Télécommunications et des nouvelles technologies dans les gouvernements d’union nationale, sous le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo.
– Présidentiable –
« C’est un homme de défi. Quand il a une idée fixe, il va jusqu’au bout », témoigne son ancien collaborateur au Patriote, Meïté Sindou.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, il hérite du stratégique ministère de l’Intérieur, qu’il conservera sous trois gouvernements jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays qui revient à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l’opposition.
Il est alors nommé ministre d’Etat, ministre de la Défense en juillet 2017, et numéro deux du gouvernement. Il doit gérer plusieurs mutineries dans l’armée.
En 2018 il est élu maire d’Abobo, l’une des deux communes les plus peuplées d’Abidjan (et de Côte d’Ivoire), au terme d’un scrutin terni par des violences.
Son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation en mars du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre.
Après la mort inattendue de ce dernier d’un infarctus, M. Bakayoko avait été désigné pour assurer l’intérim à la primature.
Il devra ramener l’opposition à la table des négociations, pour que la présidentielle du 31 octobre se déroule dans les meilleurs conditions et ne pas faire revivre à la Côte d’Ivoire une nouvelle crise électorale (3.000 morts en 2010-2011).
« Hambak a des atouts pour réussir: il a ses entrées partout y compris au sein de l’opposition. Du fait de son parcours atypique et de sa longue expérience politique, il a des amitiés au-delà de son camp », juge le politologue Arthur Banga.
Hamed Bakayoko est marié à une avocate, chrétienne originaire de l’est, avec laquelle il a eu quatre enfants.