13 MARS 2021. Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a présenté, vendredi, les condoléances de la nation sénégalaise au peuple de la Guinée et au président Alpha Condé lors de la levée du corps de l’historien et écrivain Djibril Tamsir Niane, décédé dans la nuit du dimanche à lundi à Dakar.
« Le président de la République Macky Sall et l’ensemble du gouvernement m’ont mandaté de venir présenter les condoléances de tous les Sénégalais au peuple guinéen frère, à la diaspora guinéenne, à son homologue le président Alpha Condé, à toute sa famille », a déclaré le ministre à la cérémonie de levée du corps du défunt à la mosquée omarienne à Dakar.
L’Ambassadrice de la République de Guinée au Sénégal, Aminata Kobele Keita, des universitaires, historiens et écrivains sénégalais, ont pris part à cette cérémonie. Abdoulaye Diop estime que la présence de l’intelligentsia sénégalaise prouve à dessein « la qualité relationnelle » que le professeur Djibril Tamsir Niane avait avec ses compatriotes, avec les Sénégalais et le monde de la culture. « Je réaffirme encore notre solidarité parce que Djibril Tamsir Niane est de nous », a-t-il dit, ajoutant que l’éminent professeur « est un Sénégalais de cœur qui a fait la fierté de l’intelligentsia africaine ».
Le ministre qui a prié pour le repos de l’âme du défunt écrivain a réitéré son soutien à sa veuve et à ses enfants. Au nom du Département d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop, le professeur Abdoulaye Bathily a salué « le monument » qu’était Djibril Tamsir Niane. « Le doyen Djibril Tamsir Niane est pour nous historiens un monument. Il a fondamentalement modifié les perspectives de l’histoire africaine, son écriture, ses œuvres parlent d’elles-mêmes, non seulement à travers la découverte qu’il a fait de l’histoire du Mandingue, mais également son œuvre générale, avec sa contribution à l’écriture de l’Histoire générale de l’Afrique, a renouvelé entièrement notre connaissance sur le passé de notre continent », a soutenu professeur Bathily.
Pour lui, « Grand Tamsir » a fait une œuvre littéraire qui parle d’elle-même avec ses nombreuses publications notamment son roman « Soundjata ou l’épopée mandingue ». « Je crois que les uns et les autres porteront à travers les témoignages ce que nous devons à ce brillant aîné, à cet Africain fondamental, ce citoyen d’Afrique », a-t-il souligné.
L’Ambassadrice de Guinée au Sénégal, Aminata Kobele Keita a remercié le président Macky Sall pour les bonnes dispositions prises dès l’annonce de l’illustre disparu. « Le professeur feu Tamsir Niane a participé pleinement à l’éveil culturel de la Guinée et de l’Afrique qui garde en lui aujourd’hui un immense homme culturel et un historien émérite que la terre de Guinée qu’il a tant aimé et servie lui soit légère que le Miséricorde Dieu lui réserve son Paradis éternel », a-t-elle dit. La dépouille du « brillant écrivain et éminent historien » sera rapatriée, lundi, en Guinée où un deuil national lui sera réservé.
Spécialiste de l’Empire du Mali, Djibril Tamsir a notamment écrit les livres « Recherche sur l’empire du Mali au Moyen Age » (1959), son mémoire de recherche à l’université de Bordeaux, « L’Histoire de l’Afrique Occidentale » (1961) coécrit avec l’historien et géographe français Jean Suret-Canale. Il a aussi écrit ses pièces de théâtre historique comme « Sikasso ou la dernière citadelle » suivi de « Chaka » publié en 1971 et ses recueils de « Contes d’hier et d’aujourd’hui » (1985) ou « Contes de Guinée » (2006) qui rendent hommage aux historiens traditionnels de son pays la Guinée.
Il a participé à l’écriture de « l’Histoire générale de l’Afrique » avec l’historien et homme politique burkinabé Joseph Ki-Zerbo sous la direction de l’UNESCO avec l’impulsion de son directeur général, le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow.
Né le 9 janvier 1932 à Conakry en République de Guinée, Djibril Tamsir Niane était aussi le père du célèbre mannequin Katoucha Niane, décédée en 2008 à Paris. Professeur honoraire de l’Université Howard (Etats Unis) ainsi que de l’Université de Tokyo au Japon, il a été en 2019 lauréat du « Grand prix africain Yasser Arafat pour la paix et la liberté ».