4 JUIN 2021. Fin de cavale pour Boy Djinné ! Chapeau bas à la Maréchaussée pour avoir mis aux arrêts le fugitif aux treize évasions qui n’est pas un enfant de chœur, certes, mais qui n’est pas non plus un monstre. Son cri du cœur renseigne sur les nombreux dysfonctionnements de notre Justice et les rigueurs de la vie carcérale qui ne s’appliquent pas de la même manière à tout le monde. Mais, plutôt, selon la gueule du client ou son statut social.

Des criminels particulièrement nocifs pour la société et notre économie vaquent tranquillement à leur business, tandis que de voleurs de poulets ou des fumeurs de yamba dorment sur la paille humide des cachots. Ce qui manque le plus à nos prisons, c’est justement de l’humanisme et il est temps de les humaniser pour ne pas continuer à fabriquer des monstres.

Les longues détentions provisoires créent des frustrations et rendent des personnes qui ont été emprisonnées pour des délits mineurs, plus coriaces. Boy Djiné a tout simplement manifesté son ras-le-bol d’avoir trop attendu pour être jugé. De nombreux jeunes innocents sont en prison où ils moisissent depuis des années.

La même diligence qui est faite pour juger des fils à papa ou des célébrités doit être appliquée pour rendre notre justice…juste. Car, elle n’est point juste. Elle est souvent d’une flagrante injustice, revancharde, méchante et destructrice. Il n’est qu’à parcourir les pages des faits divers pour s’en rendre compte. L’exemple de ces gosses qui ont atterri au niveau de la Chambre criminelle du tribunal de Grande instance de Dakar pour juste avoir tenté d’arracher le sac d’une dame et qui risquent 10 ans de réclusion criminelle en est la preuve. Des jeunes qui ignorent le plus souvent les peines qu’ils encourent et qui se retrouvent bêtement au niveau de la Chambre criminelle où leur vie est vendangée. Plus d’humanisme les aurait sauvés.

Le même humanisme qui motive la mise en liberté des fils de nantis ou de célébrités dont les crimes sont souvent sans commune mesure avec les délits pour lesquels un Boy Djiné, par exemple, est poursuivi, doit être appliqué aux pauvres délinquants de Thiaroye, Yeumbeul ou Mbadakhoum. Plus de justice et d’humanisme. Pour ne pas faire de notre justice, une justice duale avec une pour les riches et une autre pour les pauvres. « Poing » final !

KACCOR BI, Le Témoin

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