Ce 19 décembre, a eu lieu la Marche Blanche des Femmes initiée par les organisations féministes du Sénégal qui s’est tenue simultanément dans les 14 régions du pays. Cette mobilisation est en réaction aux nombreuses violences subies par les femmes.

A Dakar, la Place de la Nation était le point de départ de cette manifestation en direction du siège de la RTS.  La marche qui s’est faite dans le silence comptait naturellement beaucoup de femmes et d’organisations de défense des droits des femmes dans ses rangs, mais aussi des hommes et des enfants venus en soutien au mouvement. On pouvait lire sur leur t-shirt les slogans « jàmmi jigéen fépp mooy jàmm nieupp ( le bien-être des femmes est le bien-être de tout le monde » et « mbolo moy doolé (l’union fait la force) » « together we can win(ensemble, nous pouvons vaincre) ».

Au point de rassemblement, les interventions fusaient et toutes relevaient ce grand fléau qu’est la violence et qui gangrène la vie quotidienne des femmes. En effet, au Sénégal, les violences subies par les femmes ont atteint des proportions inquiétantes allant des coups et blessures aux meurtres. Seulement, les nombreuses lois ainsi que les mesures prises semblent insuffisantes pour assurer aux femmes un meilleur cadre de vie et une prise en charge efficace.

Dans cette kyrielle de discours faites par les femmes, celui qui est considéré comme un détracteur des féministes par bon nombre d’entre elles s’est joint à la marche et a brillé par son intervention qui faisait polémique. Il s’agit de Mame Mactar Guèye représentant de l’ONG JAMRA qui s’est confronté à plusieurs reprises aux associations féministes notamment en ce qui concerne la question de l’avortement médicalisé. Visiblement, il n’était pas le bienvenu à cause de ses précédents désaccords avec lesdites organisations.

Pour le reste, cette marche encadrée par la police s’est déroulée dans le calme jusqu’au point de ralliement qu’est la RTS. Là-bas, la Directrice de la Famille et de la Protection des groupes vulnérables au Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre a reçu le manifeste écrit par le Collectif de la Marche Blanche des Femmes et destiné au président de la République Macky Sall.

Ce manifeste qui dénonce les violences subies par les femmes est une énième supplication pour que l’Etat améliore le dispositif de protection des femmes. Il est demandé une reformulation plus égalitaire des dispositions discriminatoires du Code de la famille à l’égard des femmes. Notamment en ce qui concerne le domicile conjugal, l’interdiction de la recherche de paternité, la violence aux causes de divorce et également l’extinction de certaines infractions du Code pénal qui devra être révisé. Aussi, punir lourdement ceux qui exercent des violences à l’égard des femmes.

Il s’y ajoute la mise en place d’un numéro vert et des structures spécialisées de prise en charge pour accueillir les victimes de violence. La directrice a magnifié cet acte courageux des femmes et affirme que « l’Etat a toujours été contre la violence faites aux femmes et la Constitution du Sénégal ne le permet pas ».

A côté, le directeur de la RTS, qui a aussi reçu le manifeste, apporte son soutien en estimant que « le dispositif mis en place concernant les violences faites aux femmes mérite d’être renforcé et que si le président a consacré la criminalisation du viol, ces demandes faites par les femmes sont à portée de main ». Il termine en promettant de rencontrer les autres médias pour qu’ensemble ils soutiennent la lutte dans la mesure du possible.

Cette journée fut un pas en avant pour la lutte contre les violences subies par les femmes et aura marqué les esprits. Le Collectif promet d’autres marches dans les mois à venir et invite la population et particulièrement les hommes à une remise en question et à rejoindre le combat.

Correspondance de Patricia Marta Diassy

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